Conférence “Raison et intelligence du cœur dans le soufisme” par Gregory VANDAMME (doctorant à l’UCL)


Dans le cadre de son cycle de conférences 2018/2019,
l’AIB (Académie Islamique de Bruxelles) aura le grand plaisir de recevoir pour la première fois Gregory VANDAMME (doctorant à l’UCL) pour une conférence intitulée : “Raison et intelligence du cœur dans le soufisme” Le vendredi 14 décembre 2018 (19h-21h).

Descriptif :

Le mystère de l’esprit humain et de l’identification de la conscience réflexive semble l’un des objectifs universels de la spiritualité, et les auteurs du soufisme (taṣawwuf) ont fait de l’étude de son activité et de son fonctionnement un sujet de prédilection de leurs œuvres. Or, parce que ceux-ci puisent leur vocabulaire principalement à la source du texte coranique, ils ont très tôt dû trouver dans la richesse et la polysémie du vocabulaire arabe les termes techniques adéquats pour exprimer des réalités confinant à l’ineffable. De cette façon, nous verrons que leurs choix lexicographiques résonnent avec les premiers développements de l’exégèse, dans lesquels l’accès au texte révélé passe avant tout par l’analyse de son lexique. Le vocabulaire technique du soufisme semble donc ancré dans les profondeurs de la langue arabe, à tel point qu’il est « inutile de scruter les œuvres des mystiques musulmans si l’on n’étudie pas de très près le mécanisme de la grammaire arabe, lexicographie, morphologie et syntaxe. Ces auteurs rattachent constamment les termes techniques qu’il proposent à leurs valeurs ordinaires, à l’usage courant constaté par les grammairiens ». Mais si l’herméneutique coranique et son impact linguistique sont les premières sources du langage mystique, on remarque également qu’en retour le soufisme semble avoir joué un rôle indéniable dans la construction d’une orthodoxie musulmane et dans le développement du kalām. Ainsi, les enjeux de l’épistémologie et de la psychologie spirituelle développées par les auteurs soufis dépassent largement le cadre de la « mystique », et méritent sans doute d’être étudiés comme prémices à la construction d’une conception de la conscience réflexive propre à la pensée musulmane.