Reflexion autour du Coran “la mort et la vie”, le 11 mai 2025


Ce cours propose une méditation approfondie sur le binôme coranique — ce couple antipodique — al-mawt wa al-ḥayāh (la mort et la vie), aussi rare dans sa formulation conjointe qu’indispensable à l’architecture du message coranique. Cette rareté, loin de signaler une absence ou une minimisation, met au contraire en lumière la force symbolique et la précision discursive du texte révélé.

Terrain balisé d’un entrepreneuriat qualitatif de l’âme et des œuvres, cette exploration engage une analyse discursive d’un concept à la fois abstrait dans sa formulation et profondément concret dans ses résonances existentielles. Il s’agit de projeter l’intelligence du texte dans l’édifice salutaire de l’agir éclairé — là où la symbolique coranique, loin d’une abstraction désincarnée, irrigue les actes, oriente les choix et ouvre à une compréhension vivante, opérante et transformatrice du sens.

Autrement dit, il s’agit de lire les signes non seulement comme objets de foi, mais comme vecteurs d’orientation dans l’agir, porteurs d’une éthique du sens ancrée dans la réalité vécue.

là où la symbolique coranique, loin de toute abstraction désincarnée, irrigue l’action, éclaire les choix, et ouvre à une compréhension vivante et transformatrice du sens.

 Lieu : AIB – Académie Islamique de Bruxelles, 23 rue Broyère 1070 Bruxelles

 Infos & inscription : +32 492 55 30 77

Synopsis de cours –  Avec traduction et phonétique

Titre : « La mort et la vie » – al-Mawt wa al-Ḥayāh (ٱلْمَوْتَ وَٱلْحَيَاةَ) : entre borne ontologique et trame de l’épreuve

Ce cours se propose d’interroger, au-delà du sens littéral, les formes, les fonctions et la portée symbolique d’un couple lexical d’exception — exclusivement associé dans le Coran au verset 67:2 — et pourtant fondamental dans toute lecture existentielle, cosmologique et spirituelle du message coranique.

« La mort et la vie » – ٱلْمَوْتَ وَٱلْحَيَاةَ (al-mawta wa al-ḥayāh)

Ce binôme entrelacé, aussi rare dans sa coalescence qu’éloquent dans sa tension antonymique, s’impose par sa charge symbolique. Bien que son apparition conjointe soit exceptionnelle, ses composantes, disséminées avec une cohérence parfois insaisissable à travers le texte sacré, en irriguent profondément le tissu discursif. Déployé sous une forme disjointe, ce couple réapparaît au sein d’autres dyades récurrentes du lexique coranique, révélant la densité allégorique et la profondeur dialectique de la condition mondaine :

  • ٱلْحَيَاةُ ٱلدُّنْيَا (al-ḥayātu ad-dunyā) – la vie présente, ou vie d’ici-bas,

en tension constante avec

  • ٱلْآخِرَة (al-ākhirah) – l’Au-delà.

En interaction avec le concept axial de l’épreuve :

  • ٱلْبَلَاء (al-balāʾ) – l’adversité, l’épreuve,

cette polarité révèle sa fonction centrale : celle d’un théâtre symbolique où se joue, dans le décor du monde, le discernement moral de l’homme.

Car le point d’inflexion de l’épreuve réside dans le piège des apparences :

  • La mort – ٱلْمَوْت (al-mawt), dans son illusion de paix ultime,
  • et la vie – ٱلْحَيَاة (al-ḥayāh), dans l’illusion d’une continuité embellie par les séductions de la durée, du pouvoir et de la possession.

Dans ce paysage scripturaire, la mort n’est plus une fin, et la vie n’est plus une possession.

Elles deviennent deux respirations d’un même souffle créateur.

La parole coranique ne s’adresse donc pas seulement à l’intellect : elle engage le lecteur dans une expérience de vision, où le texte devient un miroir du monde, et le monde, un commentaire vivant du texte. La lecture s’élève alors en une translecture, où l’on passe du texte vers le métatexte cosmique, du signe écrit vers les signes créés (Āyāt) — آيَات — déployés dans la nature, le temps, la lumière, l’alternance, le souffle.

Dans cette dynamique, chaque occurrence de “vie” et “mort” devient un point de jonction entre le verset et l’univers, entre le cycle biologique et la finalité métaphysique.

Dans cette perspective, l’exploration de ce binôme — la mort et la vie — ne se réduit pas à une analyse linguistique ou rhétorique : elle engage une méditation existentielle, une relecture du monde comme révélation vivante. Car comprendre l’articulation de ces termes, c’est apprendre à lire les signes de la finitude et de la durée dans le tissu même de l’expérience humaine. Cette méditation réflexive se veut ainsi un rempart contre l’issue tragique d’une négligence accablante, celle-là même que déplore l’âme trop tard éveillée dans ce verset poignant : “Il dira : Hélas ! Que n’ai-je fait provision pour ma vie !” — يَقُولُ يَا لَيْتَنِي قَدَّمْتُ لِحَيَاتِي       yaqūlu yā laytanī qaddamtu li-ḥayātī (Sourate al-Fajr, 89:24). Le Coran ne cherche pas à informer seulement, mais à éveiller, à convoquer le cœur et l’intellect pour que l’existence soit habitée en conscience, avant qu’il ne soit trop tard.

Axes d’analyse du cours :

  1. Analyse lexicale et morphosyntaxique de la formulation unique :

ٱلْمَوْتَ وَٱلْحَيَاةَ (al-mawta wa al-ḥayāh) – la mort et la vie,

dans le verset coranique :

« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver… »

الَّذِي خَلَقَ ٱلْمَوْتَ وَٱلْحَيَاةَ لِيَبْلُوَكُمْ أَيُّكُمْ أَحْسَنُ عَمَلًا

(Sourate al-Mulk, 67:2)

  1. Étude de la symétrie rhétorique entre :

 L’affirmation divine : Dieu crée la vie et la mort,

 Et la négation absolue de toute souveraineté humaine :

وَلَا يَمْلِكُونَ مَوْتًا وَلَا حَيَاةً وَلَا نُشُورًا

« Et ils ne détiennent ni la mort, ni la vie, ni la résurrection. »

(Sourate al-Furqān, 25:3)

  1. Analyse de l’interconnexion structurelle et thématique entre :

 ٱلْمَوْتَ وَٱلْحَيَاةَ (la mort et la vie)

 ٱلْبَلَاء (al-balāʾ – l’épreuve)

 ٱلْحَيَاةُ ٱلدُّنْيَا (la vie mondaine)

 ٱلْآخِرَة (l’Au-delà)

 ٱلْمُلْك (la souveraineté)

 ٱلنُّشُور (la résurrection)

  1. Dimension cosmologique et temporelle :

 Résonance avec le calendrier lunaire : 352 occurrences combinées des racines de « vie » et « mort »

 Le rythme alterné de la nuit et du jour, en écho à l’alternance vie/mort

 Le serment divin sur le Temps qui consume l’homme :

وَٱلْعَصْرِ – Par le Temps (Sourate 103)

  1. Lecture spirituelle et anthropologique :

 L’homme comme créature suspendue entre deux souffles

 La prosternation comme geste d’élévation par l’abaissement

 L’échec d’Iblis : refus de lire au-delà des formes, aveuglement devant l’évidence trompeuse, rejet du test divin.